Messe Anniversaire 24 mai 2004.
Je sais désormais que l'amour règne encore et encore et...
règnera toujours !
Il y a un an, Sabrina et Benjamin nous quittaient tragiquement, tous deux victimes innocentes de la
route en colère et de l'incivisme insensé des humains au volant.
Nous tous qui les aimions tant et malgré tout l’amour que nous continuons de leur porter, nous ressentons
leur insurmontable absence mais nous savons aussi que, dans nos cœurs, dans nos vies, ils sont plus
présents que jamais. De là-haut, ils nous protègent, nous guident, nous conseillent dans nos faits et
gestes quotidiens. Sab, Benja, restez nos anges gardiens et laissez-nous vous aimer encore et toujours.
Une Prière anniversaire a été célébrée par le Père Largilière, pendant l'office religieux, du 24 mai 2004
à 18h 30, en l’église St Pierre du Cros de Cagnes.
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Mercredi 26 mai 2004.
Je viens de me réveiller, il est 6h 30. Depuis quelque temps déjà, c’est l’heure à laquelle je m’éveille,
naturellement. Mais ce matin, contrairement à d’habitude, je me sens bien, je pense sereinement à
Benjamin, je n'ai pas mal et cela m’amène à la réflexion suivante :
Je ne suis donc pas seul à commencer ma journée en pensant à Benjamin et à Sabrina !
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J’ai compris maintenant, surtout depuis la Messe anniversaire célébrée lundi soir qu'ils n’ont
jamais été oubliés et qu'ils ne le seront jamais. Des dizaines de personnes pensent à eux chaque
jour. C'est merveilleux de voir autant d'amour dans les yeux de tous ces jeunes présents.
C'est si impressionnant de pouvoir réaliser à quel point ces deux enfants étaient aimés par leurs copains,
par leurs amis.
Je suis soulagé, je peux être en paix aussi, je sais qu'il y aura toujours quelqu’un, quelle part pour
avoir une pensée vers eux.
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Voici, pour les personnes qui n’ont pu assister à la Messe célébrée par le père Largilière, le déroulement
de la cérémonie.
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Avant la Messe :
Je suis arrivé vers 18h à l'église St Pierre pour déposer deux bouquets de fleurs et je n’ai vu,
à ce moment-là, aucune personne de ma connaissance. A l’intérieur de l’église se trouvait seulement
une vingtaine de fidèles attendant la Messe en répétant des cantiques ; le père Largilière n'était pas
encore arrivé.
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J'ai déposé les fleurs auprès de l’autel et j’ai discuté quelque peu avec la personne
qui s'occupe de l'entretien de l'église.
Au bout d'un quart d'heure je suis sorti et, là, sur le parvis, j'ai vu les parents, les amis, les
copains des enfants. Ils étaient arrivés presque tous en même temps et, où que je regarde, j’en
voyais partout ! J'ai aussi aperçu Pascal, mon voisin, qui m'a fait un petit signe de la main. Je suis
allé vers lui et il m'a, alors, présenté une personne. Celle-ci s’est adressée à moi en disant :
« Je suis la maman d’une amie de Benjamin. Ma fille a vu sur Internet qu’il y avait une cérémonie
aujourd’hui, mais, ne pouvant pas venir elle-même, elle m’a demandée de la représenter et de vous
apporter quelques mots de réconfort. » Cette maman l’a fait par deux fois, avant et après la messe.
Cette démarche m’a profondément touché.
Pendant la Messe :
Les chiffres : environ 120 personnes dont au moins 50% de jeunes.
La Messe a duré une petite heure et nous n'avons pas vu le temps passer.
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L'assistance était très attentive et recueillie. La famille de Sabrina, Christiane, mamie et moi étions
au 1er rang, Elodie, Sandra, Sébastien et Nathalie au 3ème rang. Le prêtre a commencé la Messe en parlant
tout d’abord des enfants et de leurs familles. Puis, il a invité les jeunes qui étaient restés debout,
au fond de l'église, à monter à la tribune où ils trouveraient des bancs pour s’asseoir. Le père a
fait une très belle Homélie à la mémoire de Sabrina et de Benjamin ainsi qu’à l'intention des jeunes
présents dans l'église. Vous trouverez
ici
l’enregistrement de cet instant fort. Il a ensuite, pendant l'eucharistie, honoré le souvenir de nos
enfants ainsi que celui d’un défunt.
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Au moment de la communion, des jeunes sont venus partager l’hostie. Ensuite, il a terminé la Messe en lisant la
Prière
que nous avions préparée pour cette occasion. Durant cette lecture, il régnait un profond silence dans
l'église.
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Le prête était très ému, ses mains tremblaient, il a su donner une juste intonation à ces mots. C'était
merveilleux. Quand il eût fini, il s’est avancé vers moi et m'a annoncé qu'il allait parler au-dehors
aux amis de Benjamin et Sabrina. A ce moment-là, tout le monde est sorti. J'ai vu défiler des personnes
en larmes car le moment que nous venions de partager tous ensemble était très émouvant !
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Après la Messe :
Nous nous sommes tous retrouvés sur le parvis de l'église. Il y avait plusieurs groupes qui discutaient
en partageant des souvenirs de Benjamin ou de Sabrina ou de Sabrina et Benjamin. C'était très poignant
et réconfortant d’admirer ce grand nombre de copains réunis un an après la tragédie, devant cette église,
évoquant leurs amis trop tôt disparus.
Tout le monde était unanime : le père Largilière a su donner le ton juste à ce rassemblement,
l’Homélie à l'intention des jeunes était magnifique, il a su utiliser des paroles actuelles à la portée
de notre jeunesse.
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Il a prêché l'amour que l’on pouvait ressentir ici, ainsi que la fragilité de la vie et
a lancé un appel contre la bêtise humaine et cette violence gratuite qui s'installe peu à peu dans notre
pays.
Il a su capter notre attention et nous avons pu apprécier ses paroles. D’ailleurs, ne s’est-il pas
même excusé, par avance, de s’autoriser à faire une comparaison avec la mort de Jésus, ne voulant surtout
pas donner l’impression de tirer profit de cette situation ?
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Puis, lentement, les groupes se sont défaits et, au bout d'une demi-heure, le parvis fut désert.
Outre le fait que nous n’ayons pas fait paraître d'annonces sur cet évènement (aucune ligne dans le
journal, aucun message passé par les familles aux proches des enfants, seule la page d'accueil sur le
site Internet en faisait mention), une des amis de Sabrina a lu le message sur le site et, à partir de
là, le bouche à oreille a fonctionné !
Avec la maman de Sabrina, nous ne voulions pas, en quelque sorte, obliger leurs amis à venir. Pourquoi
remuer encore et encore leur peine ?
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Il fallait les laisser libres de choisir, chacun selon sa volonté,
en fonction de leur propre état psychologique. Mais, ils étaient là, malgré tout, nombreux, nous
reprochant parfois, gentiment, ce choix ! Certains m’ont même dit que des copains de Benjamin ne
seront pas contents de ne pas avoir été prévenus. Aussi, je profite de ces quelques lignes pour leur en
demander pardon. Nous n’avons agi ainsi qu’avec l’intention de les protéger. Nous savions, et nous savons,
qu’ils ont aimé sincèrement Sabrina et Benjamin et l'absence de quelques-uns de leurs amis ne signifiait
pas qu'ils les avaient oubliés.
Je peux avouer maintenant, que cette journée nous l'attendions depuis quelques jours avec la peur au
ventre, à présent je suis rassuré, je sais désormais que l'amour règne encore et encore et... règnera
toujours !
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Joël
(Mercredi 26 mai 2004.)
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