Mon cadeau de Noël à
Élodie et Sébastien
Sébastien, Élodie, mes chers enfants,
Juin 1982
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Cette année, pour ce premier Noël sans votre frère Benjamin,
je ne peux pas vous offrir de cadeaux pour Noël. Je n’ai pas le courage, ni la force de
chercher une idée qui pourrait vous faire plaisir. Je n’ai plus cette flamme qui habitait
ma vie il y a encore 7 mois. Je suis réveillé depuis 5h30 et je me suis dit pourquoi
ne pas leur rédiger un petit mot en guise de cadeau. Je voudrais tant vous souhaiter
plein de bonheur pour atténuer votre chagrin. Alors, sans plus attendre, je me suis
mis à écrire.
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Cette page blanche, que je couvre de mots en ce matin
du 24 décembre, sera mon unique présent cette année. Je voudrais seulement et simplement
vous dire que le plus beau cadeau du monde vous l’avez reçu de maman, le jour de votre
naissance.
« Ce don du ciel, ce magnifique miracle, c’est la vie. »
Prenez en soin à votre tour, comme maman et moi l’avons fait
pour vous, elle est précieuse, unique, mais si fragile, elle peut être si brève aussi.
J’aurais tant aimé donner ma vie pour que Benjamin soit là
avec nous ce soir, mais je sais très bien que c’est impossible, rien ne peut dans notre vie
terrestre nous le rendre. Vous ne pouvez cependant pas voir combien il me manque, combien
je souffre de son absence, je sais que vous aussi, vous n’êtes que douleur, mais je voulais
vous avouer toute la souffrance qui maintenant habite mon coeur.
J’ai besoin pour exister à nouveau de votre amour, de pouvoir
vous embrasser, de pouvoir vous toucher : vous êtes ma joie, ma seule raison de vivre. Rallumez
par votre amour, la flamme qui m’habitait, donnez moi ce courage, cette force et cette envie
d’entreprendre, toutes ces choses qui me font aujourd’hui cruellement défaut.
Je suis très triste en écrivant cette lettre et, ce soir,
quand vous allez la lire, j’aurai beaucoup de chagrin. Je vous demande de me pardonner de
vous avoir tourmentés ainsi en cette nuit de Noël, il fallait que je vous offre quelque
chose et c’est mon cœur que je vous ai ouvert.
J’aurai tellement voulu vous voir tous réunis, autour de
maman et moi ce soir.
Je vous aime, je vous embrasse
très fort.
Papa,
Le 24 décembre 2003